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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 14:45
Chemetov : « Le mauvais logement est une machine à briser les gens »

L’architecte raconte son logement social – gros dossier du gouvernement – idéal : habitable, pas trop petit, il ne doit pas gâcher l’argent public. Rencontre.

A 84 ans, Paul Chemetov  est l’une des grandes voix de l’architecture et de l’urbanisme français. Son âge lui donne la liberté de dire ce qu’il pense, même si cela dérange. Il ne court plus après la notoriété et le grand projet. Ses bâtiments – la grande galerie du Muséum national d’histoire naturelle, la piscine des Halles, le ministère des Finances de Bercy – lui ont forgé un statut de bâtisseur.

 

Un logement habitable, pas idéal

« Il n’y a pas de logement social idéal. Il n’y a que des logements sociaux habitables. Est-ce qu’il y a un homme, une femme idéale ? Non. Aimeriez-vous vivre avec ? Non.

Par contre, en posant le “ habitable ”, on revient à une forme de créativité possible. Il faut que les microdécisions des gens – leur souhait de bouger tel meuble, de cuisiner ou non – soient possibles. Je vois des logements actuellement où la batterie de cuisine est dans le séjour : on ne vit pas comme ça, ça n’est pas vrai. Qu’ils essaient de faire des choux avec des saucisses, c’est infernal. Et ensuite, les plats dans la cuisine, la vaisselle sale… Qui s’occupe de tout ça ? Certainement pas les architectes. »

« Par pitié, qu’on mette de l’éclairage naturel le plus possible, que la cuisine, même si elle se termine par un bar, puisse être une pièce que quelqu’un puisse fermer. Que dans le séjour, on puisse remuer. Il faut avoir la place de mettre la télé, les ordinateurs, les planches à roulettes, les machines à laver… Où est-ce qu’on met tout ça ?

Le Corbusier avait lancé un slogan : “Le logement comme machine à habiter”. Au fond, une des questions aujourd’hui est de savoir comment faire de la place aux machines dans l’habitat. Le logement, non pas idéal mais habitable, fait de la place aux hommes, mais aussi à tous les accessoires avec lesquels il arrive à vivre… sans divorcer le lendemain. Le mauvais logement est une parfaite machine à briser les gens.

Quand on construit du logement social – et c’est pour cela qu’il faut faire des efforts de bienveillance désespérés envers les autres –, on ne sait pas pour qui on construit. »

« Dans une maison, on a un habitant, un sujet, une famille, des récits. Dans le logement collectif, on est obligé de rendre les choses plus neutres pour qu’elles soient davantage détournées par les vies de chacun.

Je me moque toujours de ces amis architectes désolés de ce que les habitants font de leur appartement. Mais ils font leur maison ! Le rapport d’un habitant avec son appartement n’est pas celui d’un escargot avec sa coquille. Tout le monde cite cette phrase : “ L’homme habite poétiquement ”, sans penser à ses enjeux. D’accord, mais ça veut dire quoi ? Ça signifie qu’il transforme, qu’il est créatif. »

Des logements pas trop petits

« Actuellement, la tendance de tous, en l’absence de capacité des gens à payer, c’est de descendre la surface des logements pour descendre les loyers. Mais un logement, on le fait pour cent ans. La tendance actuelle, tant du public que du privé, est d’essayer de faire des trois-pièces de 57-58 m2.

Après la guerre, pendant laquelle nous étions à Châteauroux, nous sommes rentrés à Paris et mes parents ont assez rapidement eu un logement social dans le XIIIe : un trois-pièces HLM de 55 m2 où j’ai habité quelques années. Je peux vous dire que ça n’était pas tout à fait habitable.

Heureusement que la vie était agréable avec mes parents. Je pense qu’il est déraisonnable de faire des logements sociaux à moins de 63-65 m2 pour un trois-pièces. »

Pas seulement des façades

« Une chose m’étonne. Je suis architecte en chef de plusieurs zones d’aménagement à Paris, Amiens, Montpellier. J’examine donc des logements que proposent des architectes quelquefois tout à fait titrés. Et si je suis toujours impressionné par l’inventivité des façades, je trouve tout de même qu’un logement, c’est l’intérieur, pas la façade. La première qualité d’un logement est d’être habitable.

Or, soit le mépris des conventions de vie, soit l’application bête de la norme, soit la contrainte économique font qu’aujourd’hui, une bonne partie des logements sont moins habitables que les logements des années 70 qu’on détruit. Certes, ils étaient mal isolés, certes l’acoustique, les ascenseurs… D’accord, d’accord… Mais la taille suivait. »

Réhabiliter, entretenir plutôt que détruire

« Mon père était russe, nous étions des immigrés. Quand j’ai eu l’occasion de revenir dans sa ville natale à Rostov, je lui demandé où était sa maison pour aller voir. Il a dit : “ Ça n’est pas la peine, il n’y a plus rien.” Et mon père, qui était quand même un homme robuste qui a survécu à la guerre civile, à la Résistance, au typhus, et à pas mal d’autres choses, c’est un des rares moments de sa vie où je l’ai senti complètement désespéré.

L’intérêt de laisser des cailloux du passé, c’est que vous installez votre bâtiment dans la durée, vous acceptez la différence, les différentes mémoires. Evidemment qu’il faut démolir l’inhabitable, mais cette volonté d’éradiquer certains bâtiments me rappelle cette phrase de Mao Zedong : “C’est sur les pages blanches qu’on écrit les plus beaux poèmes.” Personnellement, je me méfie de cette volonté de faire du passé table rase. »

Arrêter le gâchis d’argent public

« Le coût de destruction de ces 80 logements est de 20 millions d’euros. Le système de l’Anru [Agence nationale pour la rénovation urbaine, ndlr] consiste à dire : pour détruire l’inhabitable, on va fixer comme règle de financements nouveaux qu’il faut détruire un logement inhabitable pour recevoir les financements d’un logement nouveau.

Pour détruire l’inhabitable, c’est un excellent principe. Sauf que très rapidement, c’est devenu un effet de guichet.

Comme les financements manquent, pour avoir des financements nouveaux, on a commencé à détruire ce qui était encore réparable et habitable. Pour Courcouronnes, c’est patent.

Dépenser 20 millions d’euros – vous vous rendez compte de la somme ? – pour détruire et reconstruire et indemniser des habitants de 80 logements... Mais pour 20 millions d’euros, vous faites carrément 160 logements neufs ! Et vous réparez en plus ce qui reste à réparer dans cet immeuble, ravalé et réparé il y a trois ans, en 2009 !

Donc il y a un gâchis, en dehors de tout ce que j’évoquais sur le plan humain, sur le plan urbain, un gâchis d’argent public aujourd’hui qui est absolument insupportable. Là, on détruit de la valeur. La valeur de destruction, des loyers perdus, des vies gâchées… Est-ce qu’on peut se payer ça, alors qu’on manque cruellement de logements ?

Si la France a 2 000 milliards de dette c’est à cause de comportements pareils. Il faut arrêter les dépenses inutiles. Je propose au président de la République, déjà, de gagner 20 millions. C’est le cinquième de ce qu’on espère avec la taxation à 75% des plus hauts revenus.

Donc il suffit d’arrêter cinq conneries comme Courcouronnes pour avoir le même argent. Ça, c’est peut-être plus parlant.

Pour faire 500 000 logements par an, il faut de l’argent. 500 000 logements par an, c’est ce qu’on a atteint dans les meilleures années. 525 000 logements en 1973, ça a été le maximum. Ça représente un effort considérable.

Un logement, aujourd’hui, aux normes environnementales, avec son parking, ça vaut à peu près 1 500 euros du m2. Le coût seul de construction. Derrière ça, il y a du foncier, des honoraires, les taxes… Là, vous n’êtes pas loin de 2 500 euros.

Si vous prenez 500 000 logements, disons, à 65 m2, multipliés par 2 500, faites le compte et voyez combien de milliards ça fait [81 milliards d’euros, ndlr]. Mais je pense que cette somme doit être mobilisée. »

Des logements à la mesure de ce que les Français peuvent payer

« Aujourd’hui, le gros de l’inhabitable a été détruit. C’est pas compliqué. On a construit trois millions et quelques de logements collectifs en France dans les années de production de logements collectifs. Ils ont logé 10 millions de personnes. Qu’est-ce qu’on va faire de ces 10 millions de personnes ? On va les dynamiter en même temps que les logements ? »

« L’avantage des logements anciens, quand ils sont habitables et entretenus, est que leur coût de loyer, comme il est amorti, est moindre que le coût des loyers nouveaux. Tout s’épuise, les logements ne sont pas éternels.

Il faut renouveler le parc existant mais on a aussi intérêt à garder du parc ancien, entretenu, pour baisser la moyenne de ce que l’on perçoit sur les gens, en accession ou en location.

A Courcouronnes, les loyers étaient environ de 470 euros par mois pour un grand trois-pièces. Remplacer du logement social par du logement en accession, c’est aussi modifier la sociologie, et c’est ça le but premier. Les analystes devraient s’intéresser aux dernières élections à Courcouronnes, ils trouveraient les raisons des polémiques inutiles.

Et qu’est-ce qu’on fait de ces gens qu’on sort de logements à 470 euros par mois ? On les met dans des logements neufs, qui vont couter 1 300, 1 500 euros à Paris, où ils ne vont pas tenir ? On les expulse dans des camps de Roms ? On expédie carrément les pauvres français en Roumanie pour qu’ils deviennent riches ? C’est ça, la question que la société française devrait se poser. Qu’est-ce qu’on fait des gens qui sont au RSA ? Est-ce qu’ils ont le droit de vivre ? Je suis assez révolté par tout ça. »

Le prochain drame des pavillons à l’infini

« A notre époque, on met en cause l’architecture de quantité des années 50 à 70 : elle était homogène socialement, constructivement, architecturalement... Mais personne ne met en cause l’homogénéité des pavillons à l’infini de la campagne française. Je pense que le prochain drame de la société française, ça va être le vieillissement de ces pavillons.

On s’est rendu compte, à partir des années 80 et encore plus aujourd’hui, alors que ces premières maisons collectives datent de 54/55, allez, disons même 60, soit une cinquantaine d’années, que d’ici une génération, ça va nous arriver dans la gueule, si vous me passez l’expression. Avec la même violence.

Le jour où les gens auront fini de payer leurs traites, leur maison sera constructivement périmée. Leurs enfants seront partis. Ils ne seront de nulle part ailleurs. Avec des voitures pour se déplacer. Comment voulez-vous desservir des pavillons d’une si faible densité avec des transports en commun ? C’est impossible.

Je me souviens toujours de cette remarque de Roger Quilliot, lettré, amateur de Camus, qui fut un des premiers ministres de l’Urbanisme de François Mitterrand. Il avait signé un article dans Le Monde où il disait : “ Ils croient acheter le paradis, ils achètent l’enfer à crédit.” »

 

Source : http://www.rue89.com/

http://www.rue89.com/rue89-culture/2012/09/14/paul-chemetov-le-mauvais-logement-est-une-machine-briser-les-gens

 

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6 octobre 2010 3 06 /10 /octobre /2010 07:30

Après le retrait des lampes incandescentes à 100 W, puis celles de 75 W en fin d'année 2009, les 60 W disparaissent progressivement des linéaires depuis cet été. La fin des ampoules classiques a donc bel et bien sonné. Par quoi les remplacer ? Sur quoi misent les industriels ? Réponses.

 

2012 sonne le glas pour les lampes dites classiques en Europe. Même si, aujourd’hui, près d’un produit sur deux est toujours à incandescence, les consommateurs vont devoir s’adapter à un nouveau marché.

En effet, la nouvelle réglementation européenne a établi un calendrier précis visant à mettre fin à l’utilisation des ampoules énergivores dans les deux prochaines années. En France, le Grenelle de l'environnement a même anticipé l’agenda : depuis 2009, les 100W et les 75 W ont été retirés des rayons ; le 1er juillet 2010, ce sont les 60W ; puis ce sera le tour des 40 W fin août 2011. D’ici à environ 2 ans, les 15 et les 25 W n’existeront plus et les lampes basses consommation prendront complètement la relève. Pour favoriser leur remplacement, la convention signée entre l'État et les différents acteurs de la grande distribution et du bricolage, prévoit la promotion des lampes «vertes». Effet de mode, geste écolo, conseils… le secteur va devoir sortir le grand jeu.

Les industriels en marche
Mais les industriels n'ont pas attendu, ils sont déjà sur la brèche pour sensibiliser le public. Et chacun y va de son petit argument. Chez Osram, on se dit prêt à relever le défi : «Il faut s’adapter à l’attitude du consommateur et anticiper», explique Jacky Brossand, directeur commercial grand public de l’entreprise. Avant d’ajouter : «Tout cela passe aussi par l’explication des nouvelles technologies». Un point sur lequel tout le monde semble d’accord. Ainsi, le réseau de distribution indépendante pour le Bâtiment et l'Industrie, Socoda, a édité un guide sur la lumière afin d’éclairer les professionnels sur les innovations. Et quand on parle de nouveautés dans le secteur, on pense à trois procédés : les lampes à Leds, les fluo-compactes et les halogènes haute efficacité. Et c’est sur ce dernier système qu’Osram mise : «Il est moins cher que le fluo-compacte et on croit en sa survie après 2016, notamment en le faisant passer de la classe C à B», souligne Jacky Brossand, même si le groupe n’en oublie pas les deux autres techniques. De son côté, l’Association française de l’éclairage (AFE) vante les lampes fluorescentes compactes qui «ont une durée de vie moyenne de 6 à 20 fois plus longue et permettent de réaliser jusqu’à 80 % d’économies d’énergie». Même chose pour la technologie des LED qui, toujours selon elle, «permet d’atteindre jusqu’à 90 % d’économies d’énergie par rapport à l’incandescence classique». Afin de se mettre en ordre de marche, les industriels vont même jusqu’à adapter leurs unités de production. Par exemple, Osram prévoit de débloquer un budget de 15 millions d’euros pour transformer son usine alsacienne.

Des inquiétudes…
Si tous les professionnels s’entendent pour tout faire pour réussir le passage vers les lampes basse consommation, certaines voix s’élèvent et s’inquiètent de la présence de mercure dans les lampes fluo-compactes. C’est pourquoi l’Ademe s’est saisi du sujet et, après enquête, a publié un avis en juin 2010 précisant que ces produits contiennent «de faibles quantités de mercure». Toutefois, l'organisation insiste sur l’importance du tri et du recyclage afin de limiter l’impact sur l’environnement. L’agence, qui s'est également emparé du dossier concernant l'émission de champs électromagnétiques, préconise de «maintenir une distance de 30 cm avec la lampe, lors des utilisations prolongées (par ex, lampe de bureau ou lampe de chevet)», à des «fins de confort et de précaution».
Avec les nombreux conseils et dispositions mises en place, l’extinction des ampoules à filament devrait s’effectuer... tout en douceur.

 

 

 

CARACTERISTIQUES

Lampes halogènes

Lampes Fluo-compact

Lampes LED

ALLUMAGE

instantané

quasi-instantané

instantané

VARIATEUR LUMIERE

oui

oui

selon les modèles

LUMIERE

Identique lampes incandescentes

Quantité de mercure faible

Pas de mercure

TYPE DE LUMIERE

Douce, blanche et brillante

plusieurs ambiances lumineuses au choix

plusieurs ambiances lumineuses au choix

DUREE DE VIE

Jusqu’à 3 ans

jusqu’à 15 ans

jusqu’à 25 ans

ECONOMIE

Entre 30 et 40 %

jusqu’à 80%

jusqu’à 90%

FIN DE VIE

Avec les déchets ménagers

Recyclable

Recyclable

Source AFE

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